jeudi 2 février 2012

Vous avez dit reggae?



                                                          " Toute une histoire! "



c'est ainsi que  l'on pourrait s'exclamer en écoutant cette chanson du reggae man camerounais 
Otu Bala Jah dans laquelle l'artiste nous raconte sa rencontre avec le Reggae.
Il en fait toute une histoire! plus précisément une histoire d'amour entre l'artiste et la culture reggae que celui-ci conçoit tout d'abord comme étant un héritage.
dans cet opus tiré de son deuxième album
du même nom que le titre de la chanson, l'artiste camerounais s'approprie ce genre musical révolutionné par Bob Marley qu'il singularise par des airs de la culture bantou. D'ailleurs lors d'une interview (lors de la 6e édition du "Mango night" au Cameroun) dans laquelle l'on lui demandait la particularité  de son reggae, l'artiste répond tout simplement qu'il s'agit pour lui 
de revisiter le reggae mais en tant que bantou. Les "traditionalistes" y verraient peut-être une dénaturation de ce genre musical que beaucoup appréhendent comme l'expréssion d'un style de vie, d'une philosophie...tout simplement d'une manière d'être!!!




Mais, un regard objectif sur la genèse de ce rythme, établit clairement le lien de filiation qui existe entre l'Afrique et le reggae. En effet, le reggae apparaît comme le plus populaire des 
expressions musicales jamaïcaines, lié au mouvement Rastafari, lui-même né en Jamaïque, en partie, grâce à l'action menée par Marcus Garvay, Jamaïcain installé à Harlem; il préconisait 
Marcus Garvay
une doctrine nationaliste noire et radicale qui souhaitait unifier les Noirs du monde entier. Le thème rasta du rapatriement en Afrique, considérée comme la vraie patrie des noirs, était une de ses théories. Cette idée sera reprise par un certain Leonard Howell, également jamaïcain qui lui sera considéré plus tard comme le fondateur du mouvement.

Leonard Howell
Cette référence à l'Afrique et plus particulièrement à l’Éthiopie, considérée comme la terre promise( par opposition à l’Israël) marque ainsi, à plusieurs égards, les origines ou tout au moins l'influence africaine du mouvement rasta et de l'un de ses modes d'expression qu'est le reggae.
Otu Bala Jah, de son vrai nom, André Rodrigue Ottou Ottou, par cette chanson, replace dans une certaine mesure, et n'ayons pas peur de le dire, la musique reggae dans son contexte originel c'est à dire destinée à rassembler les Africains et les appeler à se réapproprier leur identité; il répond donc à cette appel par cette relecture qu'il fait du reggae en y associant sa propre culture bantou transmise et pérennisée aux travers des fables, contes et légendes.

Au-delà de ce petit écrit de ses débuts dans le reggae, l'album "Yaddis reggae" consacre sept titres qui s'inscrivent dans la droite ligne  du militantisme propre au reggae qui se veut avant tout une musique destinée à susciter l'éveil social et à combattre les inégalité raciales.
Ainsi dans le titre "Angola gate" l'artiste interroge l'histoire de l'Afrique, plus particulièrement, la guerre civile "oubliée" d'Angola qui a ôtée la vie à plusieurs personnes. Une invitation à vivre sa liberté est également faite à travers le titre "Héritage" enfin lé reggae man n'oublie pas de rendre hommage à la femme par le titre "Queen of my universe" .
Ce qui finalement fait de cet album un mélange assez hétéroclite non seulement de part ses thèmes mais aussi et surtout de part son rythme, l'occasion nous étant ainsi offerte d'écouter du reggae sans en faire toute une histoire!


                                                                                         Nalddo Petrus.

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