Certaines rencontres vous
rappellent pourquoi vous vous êtes lancé dans une aventure, c'est
dans cette logique que s'inscrit celle de Fun'Afrik avec la chanteuse
camerounaise Sally Nyolo lors du festival « Charivari »
qui c'est tenu à Vertou (sud-est de Nantes) les 2 et 3 juin dernier.
En tant que tête d'affiche du festival, Sally Nyolo doit assurer le
concert de fermeture, mais avant de faire vibrer les Vertariens au
rythme du Bikutsi, et leur enseigner des expressions en langue Eton
(langue maternelle de l'artiste, parlé au sud de Cameroun), elle a
bien voulu répondre à ns questions. Le moment est unique, mais il
est surtout familial en ce jour où on célébrait la fête des
mères, la simplicité et la sincérité avec laquelle l'artiste
aborde cet entretien, dénotent l'humilité d'une mère qui partage
son expérience avec ses enfants.
Fun'Afrik:
Bonjour Sally Nyolo c'est un honneur et aussi un plaisir de vous
rencontrer aujourd’hui. En tant qu'ambassadrice de la culture
africaine, quelle regard portez-vous sur le continent aujourd'hui?
Sally Nyolo:
Quand je regarde le continent j'ai un regard plein d'espoir, et cet
espoir repose sur la jeunesse. En tant que berceau de l'humanité,
l'Afrique est ce qui reste à raconter et le rôle de l'artiste est
de raconter cette histoire, et d'être le relais de cet espoir.
Fun'Afrik:
Tout au long de votre carrière (vingt ans), votre combat a été de
faire connaître la culture africaine, pensez-vous qu'aujourd'hui le
regard sur l'Afrique a évolué?
Sally Nyolo:
Le travail qui a été fait depuis plusieurs décennies par les
artistes africains porte leurs fruits, alors le message et la culture
africaine sont certainement mieux compris et mieux perçus
aujourd'hui. La langue tient une place importante dans la
transmission de notre culture, en chantant en langue locale l'artiste
fait connaître cette dernière aux quatre coins du monde.
Le
«mot» a une histoire particulière dans ma carrière, déjà avec
les «Zap Mama»,
qui ont chanté dans toutes les langues du monde, et c'est une fierté
pour moi de savoir que partout en Europe, ou en Amérique le public
sait où se trouve le Cameroun.
Fun'Afrik:
Il est évident que le combat continu, justement quels conseils
donnerez-vous aux jeunes qui comme vous veulent porter au plus haut
les valeurs et la couleur de leur pays?
Sally Nyolo:
Je leur dirai qu'il faut se défendre tout seul et ne pas se projeter
dans les miroirs qui ne vous correspondent pas. Il est important de
connaître son histoire pour rester soi-même et suivre son propre
chemin, il est important pour un artiste de se connaître afin de ne
pas épouser les causes qui ne sont pas les siennes.
D'une
manière générale l'artiste doit capter l'esprit, la flamme, la
souffrance, et le retranscrire en chanson. Le monde est de plus en
plus complexe, ainsi le rôle de l'artiste est de proposer des
éléments de compréhension, car la musique est un langage
universel. Voilà pourquoi il est important que l'artiste reste
lui-même.
Fun'Afrik:
Quel dernier mot adresseriez-vous à la jeunesse africaine?
Sally Nyolo:
Il faut parler de l'Afrique, car le monde est en perpétuel
mouvement, dès lors il nous appartient de continuer le combat. Nous
avons essayé de faire flotter le plus haut possible la culture
camerounaise et africaine, c'est à la jeunesse de prendre maintenant
le relais et de continuer.
Pierre Naldo
Une des plus grandes artistes africaines
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